[Table ronde] Sobriété énergétique : Comment les acteurs de la mobilité s'organisent

La hausse des prix de l’énergie n’épargne aucun secteur, celui de la mobilité compris. Les coûts d’exploitation explosent pour les Autorités Organisatrices de Mobilité, et certains usagers, comme ceux d’Île-de-France, ont vu les prix des abonnements grimper de plus de 10 % ! De quoi s’interroger sur l’avenir de la mobilité, les solutions existantes et les pistes à développer pour amortir ces coûts. Tour de table d’experts sur le sujet.

« Nous activons l’ensemble des leviers pour maîtriser et réduire les consommations d’énergie et donc in fine les émissions de GES. »

Antonia Höög, Directrice RSE et de l'Engagement du Groupe Keolis.

Le premier levier, c’est la sobriété – réduire le chauffage, limiter le recours à la climatisation, faire la chasse au gaspillage… Puis, il y a l’efficacité – appliquer les principes d’éco-conduite, réduire les freinages et accélérations, améliorer l’isolation des bâtiments… Cette année, compte tenu de la tension du système énergétique, notamment en Europe, nous mettons également en place des mesures pour pouvoir réduire de manière rapide, forte et temporaire la consommation d’énergie lors des pics de consommation.

« Tous les réseaux vont être touchés, puisque la dépense énergétique est l’une des plus importantes dans les coûts de fonctionnement, après celle relative à la masse salariale. »

Karine Mabillon, Directrice générale chargée des mobilités de Bordeaux Métropole.

Pour nous aider à faire face à la hausse conséquente des prix, un arbitrage doit être fait entre les différentes sources possibles de finan­ce­ment des surcoûts, à savoir les entreprises avec le versement mobilité, la Métropole avec son budget et en dernier lieu les usagers avec les recettes tarifaires. On peut tous arriver à faire de petites économies, mais la seule décision qui aurait un impact immédiat et significatif sur notre consommation serait de réduire l’offre de service, par exemple le soir et le dimanche, mais nous ne l’envisageons pas.

« La forte consommation énergétique des transports est au cœur des enjeux actuels de mobilité. »

Aurélien Bigo, Ingénieur et chercheur sur la transition énergétique des transports.

Tant qu’on ne réduit pas la consommation des ressources, et qu’on ne passe pas à des mobilités plus sobres, il y aura toujours une forte pression sur les prix. Donc un des effets de la crise va être d’encourager à aller vers les modes de transport les plus sobres en énergie et en ressources. Cela peut se faire à une échelle individuelle, mais ces mobilités durables doivent avant tout être encouragées collectivement et par les politiques publiques.

« Pour les usagers, la sobriété se traduira par le recours à d’autres modes de mobilité, tels que les transports en commun. »

Bruno Gazeau, Président de la FNAUT (Fédération nationale des associations d'usagers des transports).

Pour cela, il faut continuer à développer les réseaux et retrouver le niveau de fonctionnement nominal d’avant la crise liée à la Covid-19. Pour que l’offre soit à la hauteur de la demande, il est important que les collectivités poursuivent les inves­tissements. De cette manière, un report pourra s’opérer vers les transports en commun, permettant aux usagers d’être moins dépendants de leurs véhicules individuels à énergies fossiles.