Beaucoup de voyageurs s’interrogent sur les progrès à attendre quand une ligne de bus, de tramway ou de train change d’exploitant. Que leur dites-vous ?
MARIE-ANGEDEBON. Les usagers comprennent l’intérêt de la concurrence lorsqu’on fait le parallèle avec d’autres secteurs économiques. Ils voient parfaitement que lorsqu’on a le choix entre plusieurs services ou plusieurs produits, la concurrence a un effet de stimulation collective. Dans les transports, elle permet d’avoir une meilleure qualité de service, notamment sur la fréquence, la propreté ou l’information voyageurs, qui est une vraie priorité d’Îlede-France Mobilités, au prix le plus ajusté.
Pour les bus en grande couronne, ouverts depuis 2021, quel premier bilan tirez-vous ?
En grande couronne, le modèle a vraiment changé. Le découpage en 36 réseaux a permis de répondre aux besoins de bassins de mobilité plus cohérents. La concurrence a été organisée de manière pertinente par Île-de-France Mobilités. Je suis persuadée qu’elle sera bénéfique aux usagers, et qu’elle va l’être de plus en plus. Il faut aussi que les opérateurs aient des comportements qui soient vertueux, et ne proposent pas des prix en dessous de leurs coûts et donc à perte.
À Paris et en petite couronne, c’est maintenant au tour des 15 000 machinistes de la RATP d’être transférés, d’ici fin 2026. Comment Keolis compte les accueillir pour éviter les conflits et les perturbations ?
Nous accueillerons cet été des collaborateurs Transdev et ensuite des collaborateurs RATP, sur les lignes du lot « Marne et Brie ». Chez Keolis, nous avons toujours appliqué la même règle. Nous sommes dans une démarche de dialogue social et de construction d’une relation de confiance avec les collaborateurs. Nous sommes dans un métier de service qui repose sur des femmes et des hommes, qui assurent le service au quotidien. Il faut avoir des managers de proximité et de qualité. Nous venons par exemple de former 2 000 cadres au management. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur la planification du temps de travail, pour mieux prendre en compte les choix et les rythmes de vie des conducteurs et proposer des roulements les plus personnalisés possible. Nous sommes dans une logique de « sur-mesure » car tous nos collaborateurs sont essentiels
Sur le tram T9, mais aussi les T12 et T13, que Keolis a perdus au profit d’une filiale de la RATP, il y a eu des débuts difficiles et une grève récemment. Quelles erreurs ont été commises ?
Il y a eu deux sujets qui ont expliqué les difficultés au démarrage : la disponibilité de conducteurs formés et le matériel roulant. Sur les T12 et T13, nous avions des formations spécifiques pour la conduite puisque nous sommes sur une partie en tram-train. Il y a eu plus d’échecs à la formation que nous l’avions envisagé, nous avons dû relancer des cycles pour trouver de nouveaux collaborateurs. Et puis on a rencontré des difficultés sur le matériel roulant. Face à ces aléas, nous organisons des négociations quand il y a des incidents majeurs sur le réseau, ou sur le matériel roulant.