Chaque année, la Semaine européenne de la mobilité – qui s’achève lundi prochain – nous rappelle une évidence : la mobilité est au cœur de nos vies. Se déplacer, c’est aller travailler, étudier, se soigner, voir ses proches, accéder à la culture. Rien n’est possible sans transports - surtout pas la mobilité sociale ! C’est donc un sujet de société : voulons-nous une mobilité inclusive, accessible à tous et durable ? Dans un contexte social tendu et face au changement climatique, la réponse ne peut être que positive. L’avenir de la mobilité passe par les transports publics.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le transport représente encore 31 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Les transports publics, seulement 3 %. Leur rôle dans la transition écologique est donc décisif. Mais leur utilité dépasse l’environnement : ils constituent aussi une réponse économique, sociale et territoriale. Car ils sont d’abord un outil de justice sociale. On peut même dire le « droit des droits », celui qui conditionne tous les autres. Quand un quart des Français déclare avoir renoncé à un emploi ou une formation faute de pouvoir se déplacer, investir dans bus, métros, tramways, vélos ou trains, c’est lutter contre l’assignation à résidence. C’est aussi protéger le pouvoir d’achat : un abonnement annuel coûte deux à trois fois moins cher que l’usage d’une voiture (carburant, assurance, entretien, stationnement compris) et reste largement en deçà de son coût réel, financé en grande partie par la collectivité. Enfin, c’est une fabrique d’emplois : plus de 260 000 femmes et hommes travaillent dans le secteur, à tous les niveaux de qualification, dans des métiers essentiels, non délocalisables, et dont la féminisation progresse.
Mais pour que les Français se tournent massivement vers les transports publics, il faut répondre à leurs attentes. Selon l’Observatoire de la mobilité 2024 de l’UTP, 60 % jugent l’offre actuelle insuffisante. Plus de la moitié des automobilistes seraient prêts à basculer, à condition que cette offre s’améliore. Il ne s’agit pas de stigmatiser les usagers de la voiture – beaucoup en ont objectivement besoin. Mais il faut leur offrir une alternative crédible avec une véritable choc d’offre : des services plus fréquents, rapides, sûrs, accessibles sur une large amplitude horaire, couvrant mieux les territoires et garantissant une expérience fluide. Sans quoi ils garderont logiquement leurs habitudes.
De nombreuses collectivités montrent déjà la voie : mise en place du paiement sans contact, cars express électriques à double étage entre Nice et Sophia Antipolis, transport à la demande 24h/24 à Orléans… Ces initiatives prouvent que les progrès ne sont pas théoriques mais concrets, fruits de volontés politiques, mais aussi d’investissements considérables. Il nous faut désormais aller plus loin en allant au-delà des financements additionnels : développer une intermodalité fluide, concevoir des pôles d’échanges attractifs, proposer des services de transport à la demande et des solutions numériques simples et accessibles à tous.
La conférence « Ambition France Transports » de ce printemps a marqué une étape importante : financements inédits pour moderniser le ferroviaire et lancer les services express régionaux, cadre législatif attendu par tout le secteur, pilotage public renforcé des grandes infrastructures. La feuille de route est claire. Les opérateurs, dont bien-sûr Keolis, l’accompagneront, en plaçant l’attention aux passagers au cœur de leur action, mais aussi et en misant sur l’innovation, qui est un levier décisif. Intelligence artificielle et numérique permettent une information voyageurs enrichie et en temps réel, l’optimisation des flux, une sûreté renforcée, une maintenance prédictive, des véhicules autonomes etc.
Parce qu’ils conjuguent mobilité et inclusion sociales transition écologique, attractivité des territoires et création d’emplois, redisons-le avec force : vive les transports publics !
Marie-Ange Debon, Présidente du Directoire du Groupe Keolis